Perse et gendarmerie ?
Puisque le déménagement prévu pour cette journée dominicale n’a pu avoir lieu pour diverses raisons pas vraiment folichonnes, l’idée de transformer ce dimanche après-midi en séance de cinéma semblait être une option intéressante.
Parmi les films à l’affiche qui pouvaient susciter chez moi un peu d’enthousiasme il y avait le dernier film d’animation français, à savoir la mise en mouvement des livres de Majane Satrapi, autrement dit Persepolis.
Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l’avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah.
Avec l’instauration de la République islamique débute le temps des « commissaires de la révolution » qui contrôlent tenues et comportements. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire.
Bientôt, la guerre contre l’Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère.
Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l’envoyer en Autriche pour la protéger.
A Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l’adolescence, la liberté, les vertiges de l’amour mais aussi l’exil, la solitude et la différence.
N’ayant jamais eu l’occasion de lire les 4 volumes de la bande dessinée de Marjane Satrapi, je suis allé voir Persepolis l’esprit à peu près vierge de tout à-priori, même si ma co-spectatrice m’en avait suffisamment bien parlé pour ne pas me laisser trop de doutes…
D’autant moins de doute que ce film a obtenu le Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, alors bien sur ce n’est pas forcément un gage de qualité, mais c’est au moins un point positif.
D’entrée de jeu, c’est le côté minimaliste de l’animation et du dessin qui aurait pu me dérouter, et pourtant Persepolis est bel est bien la preuve que les débauches d’effets visuels et techniques ne sont pas obligatoires pour entrainer le spectateur au coeur d’une histoire, d’autant plus quand l’histoire rejoint l’Histoire.
Avec Persepolis, Marjane Satrapi nous offre une vision différente de la période de transition intervenue en Iran entre la fin des années 70 et les années 90, alors bien sur cette vision est et restera toujours teintée de subjectivité, mais permettra tout de même d’appréhender cette époque avec le point de vue d’une fillette devenant une femme avec le temps.
Malgré son son design pouvant sembler simpliste, le film parvient sans problème à transmettre aussi bien des passages drôles et amusant que des passages emplis d’émotion, en nous faisant complètement oublier qu’il s’agit d’animation, transcendant complètement le médium pour ne laisser plus que le fond du propos, les réflexions et l’émotion.
Il faut bien avouer que de prime abord c’est le style de l’animation qui pouvait me gêner dans ce film, et pourtant, en à peine quelques minutes je me suis retrouvé plongé au coeur de Persepolis, à suivre la vie de Marjane Satrapi, à me laisser porter pour les sentimesnt véhiculés par le film, à rire, à réfléchir et par moment à être triste : après un tel mélange de sentiments en moi, je ne peux que conseiller vivement la vision de Persepolis !
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