Schuh hisse…

mardi 4 mai 2010

Entre les balades en roller (aïe, j’en ai encore mal), les balades à pied, les repas bourguignons typiques et les pièces de théâtre (Cochons d’Inde pour le coup), j’ai quand même réussi à trouvé un peu de temps pour retourner au musée Niecéphore Nièpce, étant intéressé par leur nouvelle exposition :
Gotthard Schuh | Une approche amoureuse

Gotthard Schuh | Une approche amoureuse
Gotthard Schuh
Conversation dans un café, Zurich, 1956
© Fotostiftung Schweiz

Gotthard Schuh (1897 – 1969) compte parmi les plus grands photographes du 20e siècle. Ce pionnier du photojournalisme moderne a su développer un style personnel, proche de ce que l’on appelle le «réalisme poétique». Le musée Nicéphore Nièpce présente du 27 février au 30 mai 2010 une rétrospective de son travail organisée par la Fondation Suisse pour la Photographie.

«J’ai toujours approché les choses culturelles qui m’entouraient, et m’entourent, dans une sorte d’état amoureux. Je ne veux pas parler d’amour, le mot serait inexact. Le terme d’approche amoureuse me convient mieux, à moi qui n’ai jamais abordé une impression sous un angle intellectuel. L’approche amoureuse implique une dimension impulsive, quelque chose qui ne peut s’expliquer de façon rationnelle.»
Gotthard Schuh

Comme la plupart des photographes de sa génération Gotthard Schuh est un autodidacte. Après treize ans de carrière artistique, il découvre vers 1930 la photographie. Il s’engouffre alors dans l’effervescence artistique qui règne autour de la «nouvelle photographie». Ses premiers travaux sont dominés par les effets d’optiques et une forte rigueur formelle. Mais son intérêt se porte avant tout sur le spectacle du quotidien.
Cette approche lui ouvre les portes du photojournalisme qui, au cours des années trente, entre dans la modernité. À partir de 1932, Gotthard Schuh fait partie de l’équipe de photoreporter du Zürcher Illustrierte, avec des photographes comme Hans Staub et Paul Senn. Il sillonne toute l’Europe, et ses récits en images couvrent autant les sujets politiques que sociaux, culturels ou sportifs.
Parallèlement aux reportages de commande, Gotthard Schuh réalise des images prenant de la distance avec les tendances avant-gardistes. Il développe un vocabulaire visuel personnel et sensuel. Paris la nuit l’inspire particulièrement. Il affectionne les scènes de rue, toujours à la recherche d’une ambiance, d’une expression émotionnelle. «Certaines images possèdent un fort attrait visuel, mais peuvent-elles réellement rivaliser avec l’attrait de l’humain ?» – cette phrase de Gotthard Schuh résume à elle seule sa posture photographique.

En 1941, Gotthard Schuh se retire de la vie frénétique de photoreporter, devient le premier rédacteur photo du Neue Zürcher Zeitung et crée le supplément «Das Wochenende». Il déniche de jeunes talents, présente les travaux de photographes à la réputation internationale et continue également à publier ses propres reportages.
Sa création photographique alimente en particulier toute une série de livres photographiques. Le plus célèbre, et avec 13 éditions celui qui a connu le plus de succès, est publié en 1941 sous le titre Inseln der Götter (publié en français sous le titre Iles des Dieux). Gotthard Schuh y présente les images ramenées d’un long voyage de onze mois à Singapour, Sumatra et Bali, entamé peu de temps avant le début de la guerre. Ce qui à première vue ressemble à une simple fuite, se dévoile finalement comme un mélange réussi entre reportage et introspection, un voyage dans son monde intérieur, ce qu’atteste le texte très personnel qu’il rédige en accompagnement : «Ce premier voyage à travers le déluge de lumière de l’Océan indien engloutit peu à peu ma conscience de la réalité. Alors que le sentiment de sécurité que m’offrait mon pays m’abandonne, rien de neuf ne parvient à le remplacer. L’excitation que ce voyage me procure ne parvient à chasser ce sentiment de vide intérieur …» Avec ces images d’Asie lumineuses et emplies de désir, Gotthard Schuh se façonne un monde parallèle lors d’une profonde crise personnelle.

Gotthard Schuh privilégie souvent la teneur poétique de ses photographies à leur authenticité documentaire. Il utilise régulièrement son appareil pour exprimer ses fantasmes et sentiments. En 1950, Gotthard Schuh et les photographes Paul Senn, Walter Läubli, Werner Bischof et Jakob Tuggener créent le «Kollegium Schweizerischer Photographen». Ce groupement réunissant les grands noms de la photographie suisse (que rejoindront plus tard René Groebli, Robert Frank, Kurt Blum et Christian Staub) défend une photographie qui replace la signature de l’auteur et le geste artistique au centre de la démarche. Gotthard Schuh s’y distingue par des images où les frontières entre rêve et réalité se dissolvent.

d’après un texte de Peter Pfrunder

Après ces textes d’explications, il n’y plus grand chose à dire pour présenter Gotthard Schuh et son exercice de photo-journalisme, tout est très bien raconté….
Ce n’est pas tant sa vie qui m’a intéressé que son travail sur le photo-journalisme et son approche humaine voir humaniste : forcément il ne faut pas comparer cette exposition à celle vue la semaine dernière (Rose c’est Paris de Bettina Rheims, pour rappel) tant les types de photos sont différentes.. entre la photo de studio posée et la photo de terrain il y a un monde d’écart !
Face a ces photos j’étais impressionné, surtout considérant que mon propre « travail » photographique est lui aussi à mille lieux de cette photo réaliste et humaine, je ne sais pas si ça évoluera mais je suis (pour le moment) plus attiré par tout ce qui est paysage et figures géométriques que par prendre les gens dans leur vie, sur le vif….
je ne vais pas me formaliser là-dessus pour le moment, et me contenter de continuer à me faire plaisir en faisant de la photographie !

En plus de l’exposition sur Gotthard Schuh et les expositions permanentes, il y avait une autre salle, dédiée à un second événement temporaire :
Photograph[e]s | Collection du centre national des arts plastiques

Photograph[e]s
Sarah Jones
Camilla I
1998
FNAC : INV. 980805
Å’uvre du Centre national des arts plastiques – Ministère de la Culture et de la Communication, Paris
© Sarah Jones / CNAP

Cette année, dans le cadre d’un partenariat avec le Centre national des arts plastiques (CNAP), plusieurs expositions temporaires du musée Nicéphore Niépce présenteront une sélection d’oeuvres issues du fonds national d’art contemporain, la collection publique d’art contemporain la plus importante en France dont le CNAP assure la garde, la gestion et la diffusion en France et à l’étranger.

Pour cette première collaboration, le musée Nicéphore Niépce proposera une sélection autour de l’oeuvre de femmes photographes contemporaines : Valérie Belin, Elaine Constantine, Sarah Jones, Marylène Negro et Annelies Strba.

« Des plans rapprochés et impitoyables dressent le tableau sévère d’objets et de gens inanimés. Dans ce qui semble un geste largement partagé depuis peu, les femmes photographes scénarisent par des moyens divers un monde où le mensonger exerce son empire. Par le recours à un modèle descriptif impassible, les sentiments et les états d’âme sont congédiés. Les situations photographiques ne se revendiquent plus du réel : rapport inutile à la démonstration. Cette génération d’artistes ne se sent pas de goût ni pour la topographie et la crudité statistique ni pour l’exaltation romantique. Ce à quoi on assiste désormais ressort d’une photographie débarrassée de toute psychologie simpliste. Les états d’âme des jeunes filles ont disparu, les accidents du couple sont oubliés. Nous ne sommes plus invités, malgré nous, dans des lits défaits, et dans des intérieurs qui n’attendaient qu’un peu de rangement…
Cette intimité, parfois racoleuse, souvent inconvenante, a fait place à des oeuvres dont l’étrangeté semble être le dénominateur commun.

Désormais, s’affirmer photographe et femme c’est vouloir s’attacher à aller au-delà des apparences. S’attacher à rechercher l’essence des choses, à piéger leurs reflets, à mesurer leur charge, commande que l’on refuse l’anecdote et l’accessoire.
Nous sommes en présence de multiples entre-deux. Les objets ont l’apparence des vivants et les sujets sont réifiés. Tout cela produit sur nous une tension inaccoutumée. De fait, la photographie accepte le malaise et en joue. Nous voilà piégés ; ces simulacres, objets et personnages, comme pétrifiés, nous contemplent. Distants et ailleurs, représentations désabusées de nous-mêmes, ils déconcertent.
Photographies des surfaces et des reflets, leur présence, néfaste, réfléchit les tristes modèles originaux, les postures et les fabrications de cette farce tragique.
Ces portraits qui n’en sont pas, ces objets à la matière incertaine, tels des spectres de la réalité, impassiblement, nous toisent.

La photographie a une dette envers les femmes. C’est à elles que l’on doit dans les années 1920 et 1930 de s’être emparées de ce nouvel instrument pour en faire un acte d’émancipation. Elles ont su l’inscrire dans le vent de la modernité pour mieux la porter.
En immersion dans le monde réel, actives au studio et dans les magazines, pendant une dizaine d’années, leurs images ont accompagné toutes les luttes de libération.
Ces exploratrices de la modernité ont poursuivi dans tous leurs recoins les spécificités de la machine et ont décrit le corps féminin dans tous ses détails.
Ce que l’on nous propose aujourd’hui est dans la veine des actes photographiques de ces femmes libres et indépendantes. »

On se retrouve alors dans une salle dédiée au travail des femmes photographes, là encore c’est une approche particulière, un ressenti différent, il y a quelquechose de plus, de touchant


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