Anti-corps

La petite discussion sur les sorties ciné d’hier midi avec Antoine, cumulée au fait d’avoir un peu de temps libre, m’a amené vers les salles obscures, pour voir un film dont la bande annonce m’avait interpelée, non pas pour ce que le film pouvait apporter mais parce qu’il est en allemand, et que c’est déjà assez inhabituel en soi.
Il s’agit donc de Antibodies (ou Antikörper en VO), premier long métrage du jeune réalisateur allemand Christian Alvart.
Pour faire simple, commençons par un pitch du film puis ensuite je rassemblerai mes souvenir de germanique profond pour tenter de donner un avis sur ce thriller à l’allemande…

Recherché par toutes les polices, le tueur en série Gabriel Engel est arrêté lors d’une spectaculaire opération. Un agent de police d’une petite localité de province demande à pouvoir l’interroger. Il pense qu’il pourrait être l’auteur du meurtre d’une fillette survenu un an auparavant et espère obtenir des aveux de sa part. Il est loin d’imaginer ce qui l’attend…

Prenons un flic de campagne allemande, prenaons un serial-killer pervers, plaçons un rapport privilégié entre ce policier et le tueur, ajoutons-y un petit côté reflexion sur l’allemagne et nous obtenons Antibodies, un Silence des Agneaux dans la langue de Goethe mais en plus malsain. Le film n’est pas, néanmoins un pale ersatz du l’histoire d’Hannibal Lecter, les références sont bien plus nombreuses que cet unique film.
Antibodies ne se contente pas de traiter un cas d’enquête policière mêlée à un point de psychologie meurtrière, les références sous-jacentes à l’Allemagne, à sa dualité constante sont permanentes et essentiellement au travers de la religion.
Le trait est, certe, plus que grossi, l’entagonisme ville/campagne en est un exemple flagrant : d’un côté la village quasi psycho-rigide, strict, tourné vers la religion, très propret et de l’autre une ville de débauches offrant péripatétiputes, bordels « propres » fréquentés par la police locale, femmes libérées (à tous points de vue….)…
Sorti du rapport de force enquêteur/tueur, le film propose une mise en place psychologique du policier de campagne à mi-temps (le reste du temps, il est agriculteur et s’occupe de sa ferme) et qui recherche l’approbation de ses pairs tout en conservant un certain sentiment de frustration, traitement qui n’est d’ailleurs pas s’en rappeler l’ambiance de Memories of Murder (et hop, encore une référence interressante pour ce film…).
D’ailleurs, de références, et de bonnes références, Antibodies n’en manque pas, d’Abel Ferrara à Seven en particulier…. et tout cela est correctement exploité, même si le traitement est un peu lourd, correctement exploité pendant plus de 2h, seule la fin crée une déception de taille, le côté happy-ending niais vient détruire tout le climat malsain engendré jusqu’alors, libérant le spectateur au lieu de le garder dans cette bulle de perversion…

Un film allemand malsain ? Pléonasme ? Peut-être, peut-être pas… Mais dans le cas de Antibodies, malsain, il l’est, assurement, le jeu des acteurs, et en particulier celui de André Hennicke (Engel) rend le tout crédible sans tomber dans le ridicule, si l’on excepte les dernière minutes qui plombent le film. Antibodies est peut-être le renouveau du film de genre allemand, et même s’il est loin d’être parfait, ce sera peut-être l’occasion pour le cinéma français de prendre exemple et de franchir le cap du vrai film de genre.


Tags : , , , , ,

Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.