112
Je dois avouer que je ne me sens pas à l’aise, là tout de suite….
Il y a un peu plus de 30 minutes, j’ai entendu crier sur le palier, puis sonner chez moi : en ouvrant je suis tombé sur ma voisine, une femme d’une cinquantaine d’années qui se trouvait dans un état de nervosité élevée et qui me demande de l’aide, son mari s’étant effondré dans les toilettes et qui ne répondait plus…
Que faire dans ce cas : un corps inanimé qui coince la porte, nous empêchant d’entrer de donc de vois plus que les jambes par l’entrebâillement de la-dite porte… étant donné que je me voyais mal défoncer une porte pour tenter de sortir un corps dont je ne connaissais pas l’état malgré les supplications de sa femme….
il ne restait plus qu’à appeler les secours, leur donner toutes les indications nécessaires pour les faire intervenir.
Et je crois que je ne me suis jamais autant senti inutile de toute ma vie : je ne savais pas comment m’occuper de ma voisine pour calmer son hystérie, je ne savais pas quoi faire pour son mari, et une fois les secours arrivés, à part les voir s’activer sur un corps inanimé à tenter de le ranimer à coup d’oxygénation et de massage cardiaque, je ne pouvais rien faire d’autre qu’assister à cette scène douloureuse.
C’est la première fois que je me retrouve confronté d’aussi près à ce genre de drame humain, que je suis face à la détresse d’une personne, face, peut-être, à une perte de vie sous mes yeux, et je sens que je ne peux rien faire, que je ne sers à rien.
Je n’entend plus, maintenant, que les bruits de pompiers qui semblent repartir…alors, mon état de fatigue y est peut-être pour quelquechose, mais il faut bien dire que je ne me sens pas très bien, là, tout de suite !
EDIT : Ce ne sont plus des bruits de pompier que j’entends maintenant, ce sont des cris, des pleurs… et là, c’est le lourd sentiment que rien n’a pu être fait qui m’étreint.
Etre confronté d’aussi près laisse forcément une empreintes, et ça me remue, mais le plus dur est quand même de percevoir à travers l’image de ce couple de cinquantenaires une image de mes propres parents : il est difficile de ne pas extrapoler et ne pas y voir quelquechose de plus personnel et d’encore plus douloureux.
Tags : Mort, Pompiers, Reflexions